Le GIEC, l’organe des Nations unies chargé d’évaluer les données scientifiques relatives au changement climatique, a publié en 2018 un rapport spécial sur les effets dramatiques d’un éventuel réchauffement planétaire supérieur à 1,5°C (au-dessus des niveaux préindustriels). Selon ce rapport, limiter le réchauffement à 1,5°C pour en atténuer les conséquences négatives impliquerait d’atteindre un niveau net nul d’émissions de CO2 à l’échelle mondiale vers 2050 et, à cet effet, la décarbonisation de l’électricité devra sans doute jouer un rôle central.
Au niveau mondial, le Scénario de développement durable de 2018 prévoit que les énergies renouvelables deviendront la force dominante dans la production d’électricité, fournissant plus de 65 % de l’électricité mondiale produite d’ici 2040. Plus optimiste, une nouvelle étude du Energy Watch Group et de l’Université technologique de Lappeenranta-Lahti (LUT) considère comme faisable et économiquement viable un système énergétique mondial entièrement basé sur les énergies renouvelables et souligne des parts d’environ 69% en 2050 pour l’énergie solaire uniquement. En fait, le photovoltaïque solaire est déjà la source d’électricité la moins chère dans de nombreux pays et il est très probable qu’il dominera la croissance des capacités renouvelables dans les années à venir avec des augmentations annuelles supérieures à 100 GW.
En plus de son prix en baisse constante, le photovoltaïque solaire rassemble d’autres caractéristiques qui en font une technologie éprouvée capable d’apporter une contribution substantielle à la réalisation d’un système énergétique mondial durable. Selon la Plate-forme européenne de technologie et d’innovation pour le photovoltaïque (EIPT PV), elle peut, par exemple, être utilisée dans toutes les régions géographiques, installée rapidement et mise à l’échelle de manière modulaire, et elle soutient une transition énergétique socialement acceptable en offrant des emplois, une production distribuée et une application intégrée ainsi que de nouvelles opportunités commerciales.
D’autre part, sa variabilité de l’offre peut être traitée par différentes stratégies. Une large panoplie de technologies de stockage et de conversion (accumulation par pompage, batteries, puissance en gaz, puissance en chaleur, stockage de chaleur, etc. En outre, des approches innovantes telles que les centrales électriques virtuelles basées sur des techniques de numérisation et de prévision ouvrent de nouvelles possibilités pour améliorer la flexibilité grâce à la combinaison d’une production variable diversifiée et de sources renouvelables dispatchables. L’extension des réseaux de transport pour l’échange d’électricité sur des zones plus étendues (combinant une plus grande variété de conditions météorologiques et de sources d’énergie) ou l’adoption de mesures de gestion de la demande sont deux voies alternatives supplémentaires pour accroître la flexibilité des systèmes énergétiques et permettre une part élevée d’énergies renouvelables.
Ainsi, le rôle clé indéniable que jouera le photovoltaïque dans le mix énergétique européen du futur peut entraîner un autre avantage collatéral qu’il ne faut pas négliger. Le photovoltaïque solaire peut assurer un approvisionnement énergétique sûr et donc l’indépendance énergétique de l’UE, devenant ainsi un secteur d’importance stratégique. Toutefois, à cette fin, l’UE doit rétablir la compétitivité de la fabrication des composants clés des systèmes photovoltaïques et reprendre le leadership sur le marché mondial.
Conscients de ce défi, certains pays européens ont clairement montré au cours des derniers mois leur volonté de renforcer cette source d’énergie. Pour ne citer que quelques exemples, le nouveau cadre réglementaire du PV sur l’autoconsommation qui est entré en vigueur en avril en Espagne devrait permettre d’augmenter considérablement sa capacité PV installée pour atteindre le nouvel objectif ER du pays (74% pour 2030). D’autre part, l’administration d’Emmanuel Macron s’est engagée au début du mois de juin de cette année à légiférer pour que les règles françaises et européennes débloquent des investissements à grande échelle dans la production photovoltaïque comme l’une des industries que la France souhaite promouvoir afin de rétablir leur compétitivité.
Au niveau européen, plusieurs initiatives sont également en cours pour conduire la transition vers les énergies propres. En particulier, quelque 5,9 milliards d’euros sont alloués à des projets énergétiques dans le cadre du programme de recherche et d’innovation de l’UE Horizon 2020, en cours depuis 2014. Ces projets soutiennent la création et l’amélioration de technologies énergétiques propres, le photovoltaïque étant l’une des lignes d’action. SUPER PV s’inscrit précisément dans cette stratégie en poursuivant le développement d’un système photovoltaïque innovant de fabrication européenne combinant des approches technologiques et de gestion des données avec une réduction significative du LCOE.
Dans le cadre de ce projet, des modules CIGS c-Si bifacial et à couche mince sont utilisés comme supports pour obtenir, tant pour les applications utilitaires (centrales solaires) que pour les applications urbaines (toitures), une diminution importante (jusqu’à 20-30%) des coûts par kWh des systèmes PV. À cette fin, l’innovation des partenaires de recherche sera testée dans des modules de pointe utilisant une approche pilote avec l’utilisation d’installations industrielles. Selon Julius Denafas, PDG de SOLITEK R&D (partenaire industriel et coordinateur du projet SUPER PV) » ce projet représente une opportunité unique d’intégrer les innovations de pointe développées par des organismes de recherche de pointe.